
À N’Djamena, les transports en commun représentent un moyen incontournable de déplacement pour de nombreux habitants. Pourtant, cette nécessité quotidienne s’accompagne d’expériences souvent pénibles, voire traumatisantes pour les usagers.
Aux arrêts de minibus de la capitale, une scène devenue banale se répète jour après jour : des apprentis conducteurs, dans une précipitation agressive, se disputent les passagers. Il n’est pas rare d’en voir deux, parfois trois, tirer un même voyageur, chacun essayant de le faire monter de force dans son véhicule. L’un tire par le bras, l’autre saisit ses effets personnels. Ce désordre, loin d’être marginal, est devenu la norme.
Ces jeunes apprentis, souvent livrés à eux-mêmes, agissent avec brutalité et sans conscience professionnelle. Ils crient, insultent et manquent de respect aux passagers. Leur unique objectif semble être de remplir le plus vite possible leur minibus, quitte à ignorer les règles de courtoisie et de sécurité.Cette course effrénée à la clientèle entraîne également des conflits fréquents autour des reliquats.
Il n’est pas rare qu’un passager se voie rendre une somme inférieure à ce qui lui est dû, sans explication ni possibilité de réclamation. Un jeune homme témoigne : > « J’ai donné un billet de 10 000 FC pour une course de 8 000 FC. L’apprenti ne m’a rendu que 500 FC, en prétendant ne pas avoir de monnaie. La situation a failli dégénérer, heureusement les autres passagers sont intervenus. »
Outre l’aspect humain, c’est aussi l’efficacité du service qui est en jeu. Les retards sont fréquents, parfois de 20 à 30 minutes, compliquant les déplacements dans une ville déjà marquée par les embouteillages et l’anarchie routière.
Il est important que les apprentis conducteurs prennent conscience de leur rôle dans la société. Leur responsabilité est grande : ils transportent des vies, pas seulement des clients. De leur côté, les usagers sont aussi appelés à faire preuve de patience et de civisme, car c’est dans la complémentarité que réside le véritable progrès.Le transport urbain ne doit pas être une lutte, mais un service digne, humain et fiable.
Rédactrice en chef
