
Sur le terrain du mariage, un constat s’impose, amer et déconcertant : la culture tchadienne recule. Pire encore, elle disparaît. À chaque union célébrée, l’on sent que quelque chose d’essentiel s’effrite. Les jeunes couples veulent marquer la différence, laisser leur empreinte, écrire une histoire unique. Mais à quel prix ?
Le mariage, jadis lieu de transmission, de respect et de fierté culturelle, devient aujourd’hui un théâtre d’imitation. Les traditions s’effacent sous les projecteurs du paraître. Le luxe s’affiche, les robes s’exportent, les chants changent d’accent, et les danses n’ont plus la cadence de nos villages.
On applaudit des coutumes qui ne sont pas les nôtres, tandis que les nôtres s’effacent dans l’oubli. Copier les autres, ce n’est pas innover. C’est trahir ce que nous sommes.Pourquoi donc renier notre culture ? Est-ce la honte, l’ignorance, ou le mépris de nos propres richesses ?
Le mariage tchadien n’a pourtant rien à envier aux modèles importés. Il est beau, noble, profond. Il parle d’union, de famille, de communauté. Il valorise l’homme, la femme, les anciens, parents, les enfants. Il nous rassemble.Mais aujourd’hui, ce mariage-là souffre. Il a été relégué au second plan. Ses gestes symboliques sont oubliés. Ses chants sont tus. Ses tenues dorment dans les armoires. Et avec lui, ce sont nos valeurs, notre histoire, notre identité qui s’effacent.
Il est temps de dire non à la culture importé de l’extérieur.Non à la perte de sens. Non à la célébration sans mémoire. Non à l’union vidée de culture. Oui au retour de nos danses, de nos habits, de nos paroles ancestrales.
Oui à la fierté d’être tchadienne ou tchadien, jusque dans le jour le plus sacré de notre vie.Car se marier, ce n’est pas seulement s’aimer. C’est aussi s’inscrire dans une histoire, celle de son peuple. Et cette histoire-là mérite d’être honorée.
Rédactrice en chef.